CHAUVET René Né et
mort à Perpignan (Pyrénées-Orientales), 17 janvier 1900 - 24 novembre 1984 ; professeur
d’espagnol ; militant socialiste S.F.I.O., puis du P.S.A. et du P.S.U ; secrétaire
fédéral du P.S.U., maire de Nahuja (Pyrénées-Orientales) de 1968 à 1983. René
Chauvet était le fils aîné d’Horace Chauvet et de Jeanne Adouy. Son père
(1873-1962), était issu par son père d’une famille de Laroque-des-Albères
(Pyrénées-Orientales) très engagée à la gauche et à l’extrême gauche. Il fut
journaliste à L’Indépendant des Pyrénées-Orientales, homme politique
modéré, polygraphe éclectique, intéressé aussi bien par l’histoire catalane que
par l’ethnographie et qui a laissé une œuvre abondante. Son arrière grand-père,
Jean Chaubet (sic) (1815-1871), maire démocrate socialiste de
Laroque-des-Albères sous la Seconde république, fut proscrit à la suite du coup
d’État de Louis-Napoléon Bonaparte. Sa mère était la fille d’un charcutier
perpignanais, radical et franc-maçon. Son frère cadet, Louis (Perpignan,
1906-Paris, 1981) fut journaliste au Figaro. Il
épousa Jeanne Alté (Perpignan, 1902-1998), issue d’une famille d’Osséja (Pyrénées-Orientales)
ayant également des attaches avec le village voisin de Nahuja que René Chaubet
fréquenta assidûment. Le couple eut deux filles : Jacqueline, épouse Blanc, née
en 1927 et Annie, épouse Larquier, née en 1928. Pour sa part, René Chauvet fut
professeur d’espagnol au collège puis au lycée de garçons (baptisé «
François-Arago » au début des années 1950). Il n’exerçait pas à Perpignan avant
la Deuxième Guerre mondiale. Nous ignorons où il fit ses études universitaires
et quelles furent les étapes de sa carrière professionnelle. Il ne prit sa
retraite qu’en 1965. Il adhérait à la F.E.N. et au S.N.E.S., comme ses
collègues amis de la gauche non communiste (cf. Biscaye Marcel). Au début des
années 1960, il demeurait à Perpignan, boulevard Jean Bourrat. Ses
engagements politiques furent davantage en conformité avec ceux de son arrière grand-père
et de ses oncles et cousins (Joseph et Pierre Chaubet : voir notices in Maitron,
XI, 1973, p. 184) qu’avec ceux de son père. Il fut longtemps un adhérent de
base de la S.F.I.O. Ce fut au moment de la guerre d’Algérie que son engagement
prit un relief plus particulier. En désaccord avec Guy Mollet, il fit partie
des militants catalans de la S.F.I.O. qui fondèrent localement le P.S.A. Il
semble avoir été le secrétaire fédéral du P.S.A. des Pyrénées-Orientales, au
moins à la veille du congrès constitutif du P.S.U. , en avril 1960. À cette
date, il reçut à ce titre une lettre de François Marty (voir notice in Maitron,
XXXVI, 1990, pp. 22-23), militant du P.C.F. et secrétaire départemental du
Mouvement de la Paix : ce dernier lui signalait une lettre d’André Hérault,
secrétaire départemental de l’U.G.S. Le premier congrès fédéral du P.S.U. des
Pyrénées-Orientales eut lieu le 20 novembre 1960 au foyer « Léo Lagrange » de
Perpignan. À cette date, René Chauvet était flanqué d’un « secrétaire administratif
», Robert Jésus-Prêt (Voir Maitron, XXXII, pp. 209-211). René Chaubet
fut secrétaire fédéral du P.S.U. des Pyrénées-Orientales. Il le demeura jusqu’en
septembre 1964 où il démissionna en même temps que le secrétaire fédéral
adjoint, François Beffara ; le trésorier fédéral, membre du Comité Politique
National, Noël Alteza ; le secrétaire de la section d’Elne, Aimé Just ; le
secrétaire de la section du Soler, Germain Arribaud ; le secrétaire de la
section d’Ille-sur-Têt, Jean Avino ; du maire de Bouleternère, membre de la
Commission Exécutive Fédérale, Jules Gaspard. En
tant que secrétaire fédéral, René Chauvet dut agir et prendre position pendant
les heures tragiques de la fin de la guerre d’Algérie. À ce titre, il fut,
ainsi qu’en témoignent les archives du P.S.U. déposées aux Archives
départementales des Pyrénées-Orientales, en contact avec les autres
responsables des forces favorables à la cessation des hostilités et à l’indépendance
de l’Algérie (P.C.F., Mouvement de la Paix, Union progressiste (Voir : Lloansi
Cyprien), Ligue des Droits de l’Homme). Les contacts noués avec ces
organisations, et plus particulièrement le P.C.F., s’intensifièrent en novembre
1961 au moment des attentats de l’O.A.S. à Perpignan. Les adhésions au P.S.U.
progressèrent du fait de l’engagement résolu du parti contre la guerre d’Algérie.
Un rapport anonyme et non daté (dont l’auteur pourrait être René Chauvet)
traitant de la vie de la fédération des Pyrénées-Orientales indiquait que,
entre janvier et avril 1962, on avait enregistré de nombreuses adhésions, notamment
dans les lycées et les facultés, parmi les étudiants. Le nombre de cartes
prises, René Chauvet étant secrétaire fédéral passa de 85 (dont 55 à Perpignan)
en 1961 à 115 (dont 64 à Perpignan) en 1962. Mais la situation du parti était
localement fragile. En 1962, un vote de la section de Perpignan du P.S.U. avant
le 2e
congrès
du parti (Alfortville, 25-27 janvier 1963) indiquait que, sur 23 votants, 5
votèrent blanc ou nul, 12 pour la motion D menée par Guy Desson, 5 pour le
texte E, « socialiste révolutionnaire » et 1 pour le texte B d’Édouard Depreux,
Gilles Martinet et Michel Rocard. On remarquera la faveur dont bénéficia le
texte D axé sur une défense prioritaire de la laïcité. Cette orientation était
préconisée localement surtout par de nombreux anciens du P.S.A. dont René
Chauvet et, en premier lieu par Noël Alteza, trésorier fédéral. Ce dernier
s’attira cependant de solides inimitiés, y compris de la part de certains
militants parmi lesquels René Chauvet, avec qui il avait des affinités politiques.
C’est ce qu’évoqua Jean Ribalta dans une lettre qu’il adressa (24 avril 1964) à
Antoinette Claux, ancienne adhérente de l’U.G.S et future secrétaire fédérale
du P.S.U. où il annonçait qu’il démissionnait de ses responsabilités au niveau
de la section de Perpignan : lui-même et René Chauvet avaient été pris à partie
par Noël Alteza, « censeur possédant seul la vérité » et répandant la «
suspicion » sur d’autres militants. La crise locale du P.S.U, s’accentuant, la
majorité des anciens adhérents du P.S.A. démissionnèrent en bloc en septembre
1964, prétextant l’attitude du P.S.U. du Territoire de Belfort lors de
l’élection municipale dans le chef-lieu de ce département. En quittant le
P.S.U., ils laissaient, dans les Pyrénées-Orientales, le parti exsangue avec,
désormais, et jusqu’en 1968, une majorité d’anciens adhérents de l’U.G.S. René
Chauvet participa, lorsqu’il adhérait au P.S.A puis au P.S.U., à plusieurs combats
électoraux. Il fut candidat aux élections municipales de Perpignan des 8 et 15
mars 1959. Au premier tour, il figurait sur la liste d’Union des forces
démocratiques rassemblant localement le P.S.A., l’U.G.S., l’Union
progressistes, les radicaux mendésistes et la Ligue des Droits de l’Homme. Avec
1001 suffrages, il arriva en deuxième position parmi les candidats de cette liste.
Au deuxième tour, il était candidat sur la liste de l’ « Union des gauches »
–dont la tête de liste était le maire sortant Félix Depardon, pourtant distancé
au premier tour par le P.C.F. – issue de la fusion des listes du P.C.F conduite
par Raoul Vignettes, de la S.F.I.O. et d’Union des forces démocratiques. Il
arriva, avec 11596 voix, en 5e position parmi ses colistiers. Cette liste fut battue par
celle d’ « Union démocratique et de rénovation municipale » conduite par Paul
Alduy, ex S.F.I.O., qui recueillit 14500 voix en moyenne contre 11600 à celle
d’Union des gauches, car, entre les deux tours s’était constituée une liste d’
»Union républicaine et d’administration municipale » conduite par le
sénateur-maire de Thuir Léon-Jean Grégory (5107 voix), ex S.F.I.O. qui fit
diversion. René
Chauvet fut candidat dans le canton de Mont-Louis lors du renouvellement de la moitié
des conseils généraux des 4 et 11 juin 1961 (inscrits, 2038, votants 1267 au
premier tour). Face à lui, le sortant S.F.I.O. Charles Bourrat (voir ce
nom), le maire de Fontpédrouse, candidat du P.C.F., François Rouquet et Vincent
Chicheil, candidat de l’U.N.R. Au premier tour, René Chauvet obtint 77 voix
contre 338 à Bourrat, 343 à Chicheil et 491 à Rouquet. Il se désista au second
tour en faveur du candidat du P.C.F. qui fut battu par Chicheil par 622 voix
contre 606, car, entre temps, avait surgi la candidature de « Défense paysanne
» de Sébastien Soubielle ancien maire de Fontrabiouse, précédemment adhérent de
la S.F.I.O, du P.SO.P. puis du P.C.F. et figure de la résistance (M.U.R) dans
le canton de Mont-Louis qui recueillit 235 suffrages. À l’occasion de sa
campagne, René Chauvet qui s’adressa par une lettre ronéotée à tous les maires
et conseillers municipaux du canton insista sur le fait que « la vocation du
Capcir est forestière » et que, en conséquence « il faut équiper scolairement
la région en ce sens ». Il fut encore candidat du P.S.U. dans le canton de
Perpignan-Est lors du renouvellement de la moitié des conseils généraux des 8
et 15 mars 1964 (inscrits : 49509, suffrages exprimés au premier tour, 16693).
Il obtint 470 voix contre 555 à Henri Quint de la S.F.I.O., 4649 à Joseph
Albert, secrétaire fédéral du P.C.F., et 9608 à Paul Alduy, ex S.F.I.O., député-maire
de Perpignan, candidat d’ « Entente démocratique ». Après
sa démission du P.S.U., René Chauvet demeura proche de la gauche non communiste,
en particulier de la F.G.D.S. Il fut candidat à Perpignan aux élections municipales
du 14 mars 1965 sur la liste d’ « Union de la gauche » conduite par Cyprien Lloansi
(Voir ce nom), ancien de l’Union progressiste (tête de liste) et par
Joseph Albert (Voir ce nom), secrétaire fédéral du P.C.F. : au premier
tour, le maire sortant (ex S.F.I.O.) l’emporta avec 19017 voix contre 9927 à la
liste d’ « Union des gauches » et 2764 à la liste de Guy Marot (divers droite) Après
son départ à la retraite, il fut élu à l’occasion d’une élection partielle
(janvier 1968) conseiller municipal de Nahuja (Pyrénées-Orientales), petit
village de Cerdagne où son épouse avait des attaches familiales. Il fut élu peu
après maire de Nahuja à la place de Gaston Mirouse, maire sortant (1965-1968)
démissionnaire. Il fut réélu en 1971 et en 1977. Il ne se représenta pas au
scrutin de mars 1983. René Chauvet fut ainsi amené à effectuer de nombreux
séjours en Cerdagne (il possédait aussi une maison à Bourg-Madame). SOURCES
: – A.C. Laroque-des-Albères, état civil. – A.C. Nahuja, registre des
délibérations du conseil municipal. – A.C. Perpignan, état civil. – A.D.P.O.,
100 J 7, 100 J 8, fonds de la Fédération des Pyrénées-Orientales du P.S.U. (don
Antoinette Claux). – L’Indépendant (Perpignan). – Témoignage écrit de
son petit-fils, Philippe Blanc, d’après les archives familiales, Bourg-Madame,
20 avril 2005. André BALENT |